Du 22 au 25 juin 2022, l’une de nos Untranslaters a eu la chance d’assister au 10e Congrès de l’European Society for Translation Studies, accueilli cette année par l’Université d’Oslo, pour y présenter quelques résultats de ses recherches doctorales. Au menu : présentations fascinantes, échanges fructueux avec les pairs et événements culturels, qui auront sans conteste inspiré l’esprit curieux d’Elise. Elle nous revient du Grand Nord animée de nouvelles réflexions et autres perspectives inédites de recherche et de progrès, qu’elle partage avec plaisir avec ses collègues. Découvrez lesquelles dans cette publication !
L’événement s’est d’abord ouvert sur une présentation de Hanne Skaaden, vice-doyenne de l’OsloMET, qui, après avoir chaleureusement accueilli tous les participants et participantes, s’est exprimée sur l’acte interprétatif en milieu institutionnel. La journée du jeudi a laissé place à un autre orateur invité, Michael Cronin, éminent traductologue et titulaire de la chaire de français au Trinity College de Dublin. Son intervention sur la traduction appliquée à l’écologie, et donc à la place qu’elle occupe dans une époque qualifiée aujourd’hui d’anthropocène, a grandement ému Elise, qui n’a de cesse de s’interroger sur la place qu’occupe l’être humain, et donc ses échanges sociaux et ses communications internationales, dans une ère de mondialisation à grande vitesse.
Puisque, comme dans toute profession qui se respecte, il est important de se tenir informé de l’état de l’art du domaine, Elise n’a pas manqué de saisir l’opportunité et d’assister à de nombreuses présentations du congrès, toutes plus passionnantes et éclectiques les unes que les autres. Elle a bien sûr répondu présent aux interventions les plus étroitement liées à son domaine de recherche ou à son activité professionnelle, mais n’a pas hésité non plus à découvrir d’autres aspects de traductologie, d’interprétologie et de terminologie.
Elle a ainsi eu le loisir de découvrir le monde extraordinairement délicat de la traduction lyrique : comment rendre la poésie et les jeux de mots de Bob Dylan en français, ou encore l’extraordinaire beauté d’un Ave Maria de Schubert en turc ? S’agit-il alors toujours d’une traduction, ou d’une œuvre originale ? Un débat qui a toujours intrigué les polyglottes, et ce depuis la nuit des temps, et qui aura surtout évoqué à notre Untranslater un domaine dans lequel elle se spécialise, qui n’est autre que celui de la transcréation.
Les interventions sur les nouvelles technologies de la traduction, et donc l’avenir de la profession et de toutes celles qui s’en rapprochent de près ou de loin, furent les plus nombreuses. Riches en nouvelles informations, elles ont permis à Elise de resituer le progrès du métier dans le paysage professionnel et traductologique, et d’envisager ces évolutions d’un point de vue pratique. La traduction automatique est-elle toujours de la traduction ? Et la post-édition est-elle une option viable pour la traduction de crise ? Quelles perspectives d’évolution pour le sous-titrage dans une société toujours plus accessible, queer-friendly et inclusive ? Comment le réviseur se positionne-t-il dans un contexte de traduction hautement spécialisée, comme la traduction financière ? Autant de questions dont les réponses données par les spécialistes ont régalé l’intérêt de notre Untranslater.
Une fois leur soif intellectuelle étanchée, les participants et participantes furent invité-e-s à rejoindre le dîner conférentiel du vendredi soir pour rassasier les cœurs et les estomacs par son atmosphère riche en bulles et en parfums saumonés (merci la Norvège). Alors qu’allaient déjà bon train les conversations enflammées d’une grande assemblée d’amoureux et d’amoureuses des langues, Elisabet Tiselius, présidente de l’association, s’est exprimée pour les remercier de leur présence et témoigner de son amour pour les beaux métiers de la traduction.
« Nous sommes les ponts qui relient les cultures entre elles, a-t-elle déclaré avec grand enthousiasme, et il est de notre devoir d’en assurer la plus grande solidité ». Et alors que le soir même éclatait un acte terroriste au centre d’Oslo, ce cri du cœur n’a cessé d’être d’autant plus vrai ; en plein mois de Pride (dont les activités du lendemain ont dû être annulées), l’affirmation et l’estime de son identité, qu’elle soit sexuelle, de genre ou culturelle, n’est plus réprimée mais fièrement exprimée. Et c’est dans cette effervescence d’expression, dans ce concert de voix et d’écrits, que la communication interculturelle devient d’autant plus essentielle. Et que les ponts reliant les berges, plus solides que jamais, sauront décourager ceux qui tentent de les briser.